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La vie d'antan
15 mars 2010

Comme ils sont grands, ces petits !

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Voyage en train

C'était presque un agréable voyage... Le jeune garçon avait bien une certaine appréhension d'être dans ce train, seul, sans ses parents, mais le paysage familier qui défilait par les vitres du compartiment lui faisait oublier un peu son inquiétude.

Les collines ensoleillées et les rangées de vignes bien feuillues n'étaient pas sans lui rappeler les vendanges de l'an passé chez ses grands-parents de Côte d'Or. Il se sentait en pays connu !

Au départ de Nuit-Saint-Georges,, Bernard s'était contenté d'une place côté couloir en face d'une grosse dame toute en noir qui empiétait sur son domaine en étendant ses jambes presque sous sa banquette. Heureusement, en gare de Beaune, beaucoup de voyageurs avaient quitté le compartiment et Bernard s'était prestement déplacé près de la fenêtre ne voulant rien perdre du voyage.

Maintenant, il était bien... Il n'avait d'yeux que pour la campagne qui ondulait, magnifique, colorée. Les nuages aussi semblaient suivre la marche du train et donnaient envie de s'envoler. Des nuages pommelés couraient dans le ciel tout enflammé par les ultimes lueurs du couchant.

La locomotive, dans un panache de fumée, filait de plus en plus vite et même les voitures qui souhaitaient faire la course avec elle étaient distancées. Une <<Traction avant>> noire qui avait voulu la défier, se trouva stoppée à un passage à niveau et alors le train triomphant la laissa sur place dans une vibration de clochette électrique près de la garde-barrière.

L'énorme machine soufflait, reniflait, hurlait, sifflait comme un cheval emporté. Le bruit de ses roues ressemblait au galop effréné d'un animal gigantesque qui crachait une vapeur blanche par bouffées rauques et vomissait des escarbilles.

Les fils télégraphiques qui semblaient monter et descendre ravissaient l'enfant. Cette boule montante et descendante le plongeait dans un vague assoupissement. Il se laissait bercer par les petits soubresauts du wagon sur les rails : <<tac-tac...,tac-tac...,>> et aussi par l'essoufflement de la locomotive : <<Bois ton café ! Bois ton café...>>

De temps en temps, Bernard s'éveillait pour de bon et pensait à la mise en garde de ses grands-parents :

- Fais attention, tu ne dors pas ! Tu descends à Moulins, c'est après Paray-le-Monial.

Ils lui avaient remis un carton bien ficelé qui contenait six bouteilles de Bourgogne.

- Ca, c'est pour ton oncle Paul qui vient te chercher à la gare, Tu l'embrasseras bien pour nous. On a mis sur le paquet un petit mot pour tes grands-parents de la Creuse. Tu n'oublieras pas de leur donner en arrivant.

- Surtout, rajouta le grand-père, ne te penche pas à la portière... un accident est si vite arrivé !

à suivre...

Roman de Claude Taudin

Editions : Encre Violette

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Commentaires
L
Il m avait l air jeune ce gamin pour voyager seul.<br /> Dans ma jeunesse, j habitais en Bourgogne et parfois j avais l autorisation et les sous pour aller voire ma soeur et son mari a Clichy. Pendant la journée j allais a Paris voire les musées, les grands magasins ect..J avais 15 ans.<br /> Un beau texte, il faudrait que j achéte ce livre.<br /> Bonne soirée Latil
La vie d'antan
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