Mon village
Je peux courir le monde, rien ne vaut mon village
Je me lasse souvent des paysages
Rien ne peut retenir tout a fait mon regard
Pas un visage ami sur tous les quais de gare.
Je suis perdue partout, même dans les églises
J'ai l'impression parfois de rester incomprise
Comme si le soleil et les saints, que je vois
N'étaient tout à fait mes amis d'autrefois...
Quand j'arrive chez moi, je vois mon ancien toit
Le toit de ma maison et puis le petit bois
Le bois de mes amours, le bois de mes dix ans
Où je voyais des loups lorsque j'étais enfant.
Je retrouve la place où l'on faisait le pain
Le vieux clocher carré, l'école et son sapin.
Là-bas dans le lointain je cherche la rivière
Et salue au passage une humble croix de pierre.
Ici je suis chez moi et tout m'est familier.
Je connais tous les coins, tous les petits sentiers.
A toutes les maisons, je peux donner un nom
Et il n'y a que là qu'on connaît mon prénom.
Au milieu du village est le vieux cimetière
Où je peux rencontrer des ombres familières.
A Paris, l'on est seul, dans la joie dans le deuil,
Ici l'on me sourit un peu à chaque seuil.
Le village renaît à la saison nouvelle
Et nous fait apprécier une vie naturelle.
A Paris, les saisons ont bien peu d'importance
Puisque par tous les temps sous la terre on avance.
Et qu'il neige ou qu'il grêle ici l'on s'en balance
Il y aura la paye et toujours les vacances...
On ne vit que pour soi, et c'est triste parfois,
Cette vie de Paris, je la fuis bien des fois.
Je pense à mon village, à ses bois, à ses prés
C'est un livre d'image où je reviens rêver.
Blanche Maynadier