Les métiers d'autrefois : Journalier, Brassier, Manouvrier
Journalier, Brassier, Manouvrier
Sous l'ancien régime, ces appelations différentes selon la région désignent celui qui loue ses bras à la journée. On pense trop souvent qu'il s'agit d'un ouvrier agricole. Dans de nombreux cas pourtant, le terme recouvre un petit artisan rural ou citadin.
Un travailleur agricole
Le terme de journalier est souvent classé dans le groupe des métiers liés à l'agriculture. On trouve pourtant un grand nombre de journaliers dans les registres des villes, comme une main-d'oeuvre que l'étroitesse de son lopin de terre ne peut faire vivre et qui se loue là où se trouve le travail. A bourg sur le Dordogne, tel père de famille se déclare tantôt batelier, tantôt journalier.
L'appelation de journalier pose le même problème. Au VXIème siècle, les manouvriers forment de véritables bataillons, parfois plus de 10% de la population des grands plateaux céréaliers de l'Ile-de-France. La véritable définition du mot lui-même, varie selon les provinces.
Pierre Goubert a montré que les manouvriers du Beauvaisis appartiennent à la couche inférieure de la société paysanne. Ils s'apparentent aux mendiants, mais sont assez souvent propriétaires ou locataires d'une petite maison, parfois constituée d'une pièce unique. Ils ont peu de biens, un coin de jardin qui permet quelques cultures, peu de bétail, surtout de la volaille, une vache ou quelques ovins souvent nourris par la verte pâture.
Ici le manouvrier est "un rural non spécialisé qui travaille chez les autres, à des tâches banales, saisonnières, intermittentes : faire moissonner, vendanger, battre en grange, aider aux menus travaux des exploitations importantes".
... un petit artisan rural...
Mais une autre catégorie de manouvriers, se rencontre dans cette même région du Beauvaisis,les manouvriers-sergers qui tissent des serges durant la saison hivernale, lorsqu'il n'y a plus de travaux dans les champs. Le terme de manouvrier recouvre donc une grande diversité de conditions, celle de paysan comme celle d'ouvrier, parfois les deux en alternance.
... ou un tâcheron citadin ?
On trouve aussi journaliers et manouvriers dans les villes, pratiquant une multitude de petits métiers et louant là aussi leurs bras pour la journée. Celui qui s'en sort le mieux, est celui qui réussit à se faire embaucher régilièrement, même si les salaires sont minimes.
"Les conditions de vie du journalier citadin, écrit Jean Jacquart, sont encore plus difficiles qu'au village. Entassés dans les faubourgs ou les quartiers les plus pauvres, ou réfugiés dans les galetas des étages supérieurs des maisons, ils glissent souvent vers la mendicité ou la délinquance.
Pauvres et nombreux
Journaliers, brassiers ou manouvriers, ils représentent toujours une part importante de la population et vivent à la frange de la mendicité. En zone rurale, ils subsistent grâce aux travaux agricoles d'appoint chez les laboureurs ou marchands fermiers mais grace aussi à la filature de la laine, à l'artisanat ou au transport. Il servent encore de main-d'oeuvre d'appoint dans le bâtiment, aident les bûcherons, fabriquent des fagots... Les femmes font des lessives ou prennent des enfants en nourrice.
Extrait du livre Les métiers d'autrefois de : Marie-Odile Mergnac,
Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et max Déjean, Archives et cultures