Ma Grand-mère
- je la revois avec son tablier, son chignon, ses cheveux tirés et son sourire charmant... Elle ne perdait pas de temps, car il fallait s'occuper des enfants, elle en avait sept ! A l'époque c'était chose fréquente, la pilule n'existait pas...
Le matin, la toilette était vite faite. "La salle de bain" était rudimentaire : une petite table, un broc, une cuvette, une savonnette, une serviette... c'était le rituel, mais pas le temps de flâner et de jouer les coquettes, il fallait se mettre à l'ouvrage et s'occuper de tout : Le ménage, la cuisine la lessive...
Toutes les taches étaient pénibles, car il fallait aller puiser l'eau à la citerne par tous les temps... Chaque saison avait son lot de travail : casser le bois pour l'hiver, cultiver le potager au printemps. L'été, glaner derrière les faucheuses-lieuses, arracher le lin. En automne ramasser les pommes de terre oubliées dans les plaines, afin de faire manger toute la petite famille... Ce travail s'ajoutait au travail quotidien...
J'avais un grande joie à lui rendre visite, à mon arrivée elle levait les bras au ciel - " te v'la ma t'ite fille" ! Ce geste était un geste d'amour et d'inquiétude, car il me fallait parcourir 6 km à pieds à travers plaine pour rejoindre sa maison. Mais le bonheur que lui procurait ma visite était mitigé, car son inquiétude était grande lorsqu'elle me savait sur route...
Sa maison était dépourvu de tout confort : pas d'eau, pas d'électricité, une simple lampe à pétrole suspendue dans la cuisine, et deux lampes pigeon pour les chambres. Une Horloge, un buffet, une table, quelques chaises, un vieux poêle qui enfumait souvent sa maison... Le décor reflétait la pauvreté. Malgré cela, je m'y sentais bien, car ma Grand-mère dégageait une bonté naturelle, qui se résumait en un mot : l'AMOUR !
Celle que j'appelais "Ma Mémé" m'a tant donné ! C'était une relation authentique, nullement intéressée. Qu'aurait-elle pu donner ? Elle n'avait rien, sa seule richesse était intérieure ! Mais elle m'a légué le plus bel héritage qu'il soit donné de transmettre : - ses valeurs, le respect, la tolérance etc... Même si je ne suis pas toujours à la hauteur de ses sages conseils, je ne les oublie pas et j'essaie de les perpétuer... Je reste convaincu que les biens matériels n'apportent pas le bonheur, le bonheur est ailleurs... Le bonheur est le don du coeur !